Les troubles du comportement alimentaire peuvent se définir comme étant un déséquilibre alimentaire dont souffre l’individu qui perçoit l’alimentation non plus comme un besoin permettant d’obtenir les éléments nutritionnels vitaux pour notre santé, mais comme une manière de combler un manque d’ordre psychologique.
Toutefois, les manifestations des troubles du comportement alimentaire ou TCA sont nombreuses de même que leurs sources. Elles méritent une analyse détaillée avant de pouvoir trouver la solution qui permettra de vaincre ce mal solitaire, avant tout psychologique, mais bien réel.
Comment résoudre les troubles du comportement alimentaire
Les manifestations des TCA
Les troubles du comportement alimentaire ou “TCA” expriment un mal être qui va bien au-delà de l’impératif de maigrir ou de la difficulté ressentie par un individu pour équilibrer sa conception de l’alimentation, son approche par rapport à la nourriture. Ce trouble fait souvent son apparition après un évènement déclencheur qui s’apparente toujours à un traumatisme.
Sur le plan psychologique, les individus souffrant de TCA présentent des traits caractéristiques communes, à savoir, un manque de confiance en soi, très peu d’estime de soi, un besoin maladif de maitriser les choses et les évènements, une tendance au perfectionnisme extrême.
Résoudre les problèmes liés aux troubles du comportement alimentaire ne peut donc se faire seul, mais avec l’appui de professionnels. Les TCA se règlent suivant une approche multidimensionnelle qui sera à la fois nutritionnelle, psychologique et comportementale.
Les différents types de TCA
Sur le plan médical, on distingue 2 grands groupes de troubles du comportement alimentaire. Il s’agit des TCA typiques et des TCA atypiques.
Les Trouble du Comportement Alimentaire typiques
L’anorexie
Dans la catégorie des TCA typiques, on met d’abord l’anorexie mentale qui se caractérise par un comportement obsessionnel axé sur la volonté de maigrir et la peur irrationnelle de prendre du poids. Elle concerne le plus souvent les jeunes femmes âgées entre 17 et 22 ans.
Dans la pratique, la personne se met alors à arrêter radicalement de s’alimenter puis à favoriser la perte de poids par des activités physiques intenses comme le sport, mais aussi tout ce qui crée de l’excitation et donc des pertes de calories.
L’anorexique adopte même des comportements extrêmes comme la prise de diurétique et la potomanie qui consiste à boire de l’eau à grande quantité.
A terme, ces comportements à risque entrainent de nombreuses carences nutritionnelles et même une aménorrhée soit l’arrêt des règles. Sans traitement, la personne souffre de dénutrition et risque de tomber dans le suicide.
La boulimie
La boulimie concerne elle aussi les jeunes femmes et commence par une volonté farouche de perdre du poids. Les restrictions que la personne s’impose alors entrainent des crises alimentaires qui se caractérisent par l’engloutissement de quantités astronomiques de nourriture suivi de vomissements parfois provoqués, parfois spontanés. Une personne boulimique aura tendance à rester dans le secret et à cacher coûte que coûte les crises dont elle est victime.
L’hyperphagie
Dans la famille des TCA typiques, on retrouve enfin l’hyperphagie qui s’apparente à la boulimie, mais qui concernera une part plus importante d’hommes. L’hyperphagie se reconnait par la tendance à ingérer de grosses quantités d’aliments que le sujet aime particulièrement. La personne le fait alors en dehors des heures de repas.
L’hyperphagie se différencie de la boulimie par le fait que le sujet prend plaisir à l’ingestion de la nourriture qu’il aime sauf que son comportement échappe complètement à son contrôle. De même, il ne se verse pas dans des comportements qui visent à compenser ses excès c’est-à-dire des vomissements ou de l’hyperactivité. Son diagnostic sera confirmé dès lors que le comportement devient répétitif, qu’il entraine du surpoids et des souffrances sur le plan psychique.
Les Troubles du comportement alimentaire atypiques
L’orthorexie
L’orthorexie figure au premier plan des troubles du comportement alimentaire atypiques. La personne qui en souffre exprimera un besoin obsessionnel de se nourrir strictement de manière diététique sans inscrire son comportement dans la volonté de maigrir. Elle se met alors à faire un tri de ses aliments en ne sélectionnant que les plus vertueux sans même tenir compte des critères de confort comme le goût. A terme, cette sélectivité extrême la conduit à de nombreuses carences alimentaires. On la retrouvera consacrer des heures et des heures à penser et à repenser à son alimentation afin de s’assurer de ne pas ingérer des mauvaises graisses, des composants cancérigènes…
L’orthorexique finit par éviter les restaurants et les situations qui l’empêchent de contrôler ce qu’il mange et n’hésite pas à opter pour tout ce qui lui permet une alimentation saine en prenant de grandes quantités de vitamines et de compléments alimentaires. Ces comportements s’accompagnent d’une grande satisfaction notamment lorsque le sujet aura réussi à ingérer uniquement des aliments qu’il considère comme bons pour sa santé.
Conduites restrictives obsessionnelles
Dans la catégorie des TCA atypiques, on parle aussi de conduites restrictives obsessionnelles. Ces personnes semblent être au régime de manière permanente et désirent plus que tout contrôler la quantité de calories qu’ils ingèrent à chaque repas.
On remarquera que les personnes souffrant de conduites restrictives obsessionnelles se confondent souvent avec les anorexiques à la différence près que leur trouble ne se reflète pas sur leur poids quoiqu’elles sont plus menues que la moyenne des gens étant donné qu’elles s’adonnent tout de même à de nombreuses privations.
Grignotage pathologique
Pour en finir avec les TCA atypiques, on ne saurait exclure le grignotage pathologique qui concerne les personnes appréciant manger des snacks en petites quantités en dehors des repas. Ces petites portions deviennent au final de gros volumes entrainant ainsi du surpoids et un sentiment de mal être qui se traduit par une dépression ou de l’angoisse. Le grignoteur pathologique ne se rend ainsi pas compte de la quantité importante d’aliments qu’il ingère. On le verra apprécier particulièrement rester devant la télé en grignotant ses apéritifs préférés.
On notera qu’il existe aussi des anorexies atypiques qui présentent tous les symptômes de la maladie sauf que le patient ne souffre pas d’aménorrhée ou que son poids reste normal. L’anorexie est aussi atypique quand elle concerne les bébés, l’enfant ou encore les personnes âgées.
Les autres troubles du comportement alimentaire
La rumination
Toujours dans les TCA atypiques, on peut aussi parler de rumination, de néophobie alimentaire et de phobie alimentaire. La rumination consiste à faire remonter dans la bouche des aliments déjà avalés, puis de les déglutir une seconde fois. Bien que le sujet ait conscience de son comportement, il ne peut s’en empêcher. Or, la rumination présente certains risques si ce n’est que pour parler des lésions de l’œsophage et peut rendre la personne asociale à cause de la peur de se faire prendre et d’être jugé par autrui.
La néophobie
La néophobie alimentaire concerne surtout les enfants. Ils affrontent la peur de faire l’expérience de nouveaux aliments. A ce sujet, il faut savoir qu’il existe aussi de nombreuses phobies alimentaires, comme celle de déglutir, de manger certaines catégories d’aliments…
Les solutions aux troubles du comportement alimentaire
Pour venir à bout des troubles du comportement alimentaire, il est d’abord essentiel d’en prendre conscience. C’est sans doute l’étape la plus dure, mais aussi la plus indispensable. Il s’agit de reconnaitre le problème sans en avoir honte ou même culpabiliser. C’est le premier pas qui mène vers la guérison.
Suivi médical et psychologique
Ensuite, il est fortement conseillé de se faire aider, de préférence par des spécialistes, car les proches ne sont pas équipés pour aider la personne à venir à bout de ses problèmes et sont même parfois plus désemparés que le malade lui-même. A partir de l’appui psychologique et médical ainsi obtenu, on peut enfin partir d’un nouveau départ et commencer à éviter coûte que coûte les restrictions alimentaires en mangeant équilibré tout en privilégiant toutes les classes d’aliments. Il y va du bien être physique et psychologique de la personne. Il faut garder à l’esprit que la compulsion et les excès viennent des restrictions alimentaires. Il faut donc donner à nouveau confiance aux indicateurs comme le sentiment de satiété et les signaux qui montrent que l’on a faim plutôt que de s’imposer un régime strict.
Une meilleure alimentation
La lutte contre les TCA passe aussi par moins d’attention sur les étiquettes de nos aliments et au nombre de calories ingérées. Il faut réapprendre à faire des choix alimentaires spontanés et à donner la place au goût. Vous devez varier votre alimentation, découvrir les fruits et les légumes qui ne vous sont pas familiers et intégrer dans votre subconscient qu’au final, il n’y a pas de mauvais ou bons aliments.
Chez les personnes qui souffrent de TCA, c’est véritablement le rapport à la nourriture qui doit être repensé afin de remplacer les conceptions restrictives comme « je dois manger cet aliment » ou « il faut que je mange » en « j’aimerais » ou « j’essaierai ».
Comprendre les origines psychologiques des troubles
Sur le plan psychologique, les personnes victimes de troubles du comportement alimentaire doivent dissocier l’acte de s’alimenter avec leurs émotions et ce, même si la nourriture revêt naturellement des dimensions affectives pour tout individu au fur et à mesure de son développement.
Désormais, il faut savoir distinguer les émotions comme l’anxiété, la fatigue, la colère… de la faim et ce, pour ne plus compenser les frustrations émotionnelles avec l’alimentation.
De même, il est temps d’apprendre à s’apprécier et à se donner de la valeur d’une autre façon que par son poids ou encore son apparence physique. Une personne se définit aussi par ses forces, sa personnalité, ses talents… qui doivent être remis en perspective pour gagner en pensée positive et en force psychologique.
Savoir faire la part des choses
Plus que jamais, la balance ne doit plus dicter votre état d’esprit ou votre alimentation de la journée. Si vous faites du sport, c’est certainement pour le bien être qu’il sera de nature à vous apporter. Si vous mangez un peu plus que d’habitude, c’est parce que vous avez voulu vous faire plaisir. Vous n’avez donc aucune raison de compenser ou de culpabiliser.
Face à la multiplication des informations nutritionnelles, on est toujours tenté de se convaincre de fausses croyances au point d’altérer notre conception par rapport à certains aliments.
Si l’on devait encore se renseigner sur notre alimentation, on fera attention aux sources et on tâchera de se fier uniquement aux raisonnements bien fondés, validés par les experts. Toutefois, elles ne doivent pas mener à la culpabilité ou aux restrictions absolues. S’il fallait tirer de ces enseignements celui qui revête la plus grande importance dans le traitement des troubles du comportement alimentaire, on retiendra l’effet néfaste des restrictions aussi bien sur le plan physique que psychologique.
Adopter un comportement plus sain
Le chemin vers un comportement sain face à la nourriture peut bien sûr être long, mais à force d’avancer à petits pas et de prendre les choses au fur et à mesure, on arrive à atteindre ses objectifs, à trouver un meilleur équilibre de vie et à considérer enfin la nourriture comme une nécessité, un plaisir. La nourriture ne doit alors ni être évitée ou ni être ingurgitée sans limites.
Il ne vous reste donc plus qu’à avoir le courage de changer et de prendre les bonnes résolutions!