Cynorrhodon : propriétés, bienfaits et utilisations

En règle générale, le cynorrhodon nous laisse une mauvaise impression. C’est le fameux fruit que les enfants appellent « poil à gratter » ou plus familièrement « gratte-cul » ! Pourtant, cette petite baie rouge est très largement sous-estimée : elle est une grande source de nutriments très variés, et de propriétés médicinales reconnues. Zoom sur ce fruit mal-aimé que l’on gagne à mieux connaître.

Cynorrhodon : origines et composition

Aussi connu sous le nom de « baie de l’églantier » ou « rosier sauvage », le cynorrhodon (que l’on peut également écrire « cynorhodon ») est une petite baie rouge. Elle pousse sur l’églantier, un arbuste appartenant à la famille des Rosacées. Pouvant atteindre trois mètres de hauteur et pourvus de multiples épines, ce végétal est présent en Europe, en Asie occidentale et en Afrique du Nord. Les petites baies qu’il produit sont souvent surnommées « poil à gratter » en raison de leurs poils urticants.

En botanique, on considère le cynorhodon comme un faux-fruit, comme les fraises, les canneberges et les airelles. La baie n’est pas le fruit de la fécondation du pistil de la fleur, mais d’autres parties de celle-ci. Orange durant son développement, le cynorrhodon arbore une couleur rouge vif en automne. Et son histoire est très vieille ! Nos ancêtres de la préhistoire le consommaient déjà. Au fil des siècles, nous avons étendu ses usages : confitures, gelées, thé, jus… Et si ses saveurs uniques justifient sa popularité, le fruit possède également des vertus médicinales très intéressantes sur lesquelles nous allons nous pencher de plus près.

Composition nutritionnelle de la plante

La baie de l’églantier est une formidable source de vitamine C, mais également d’autres vitamines : provitamine A, vitamines du groupe B (B1, B2, B3) ainsi que les vitamines E et K. La baie contient également des acides aminés (dont les huit essentiels), des minéraux et oligo-éléments : manganèse, zinc, fer, soufre, potassium, phosphore, magnésium, calcium, sodium. A cela s’ajoutent des huiles essentielles, des fibres, des tanins, des sucres naturels (saccharose, lévulose) et des acides gras oméga-3 et oméga-6. Enfin, la composition du cynorrhodon compte aussi des actifs antioxydants comme les saponines, les caroténoïdes, les flavonoïdes et les polyphénols. Quant aux acides naturels, ils sont aussi présents : acide citrique, acide malique, acide pectique. Avec une telle composition nutritionnelle, le cynorrhodon possède des qualités et de véritables vertus médicinales que la science sait aujourd’hui expliquer.

Les propriétés et bienfaits du cynorrhodon

La baie d’églantier présente de nombreux intérêts médicinaux que beaucoup de personnes ignorent encore. Pourtant, son potentiel est immense.

Un potentiel antioxydant très important

Avec des vitamines antioxydantes (A, E et C), des tanins, des polyphénols, des flavonoïdes et des caroténoïdes (entre autres) dans sa composition, le cynorhodon est une baie au potentiel antioxydant phénoménal (1). Cela signifie que la baie de l’églantier contient des principes actifs capables de combattre efficacement le stress oxydatif ainsi que les radicaux libres produits par l’organisme. Ces derniers peuvent avoir des conséquences sur notre santé s’ils ne sont pas suffisamment éliminés et favoriser le vieillissement cellulaire accéléré ainsi que des maladies comme les pathologies cardiovasculaires ou certains cancers. Pour être en bonne santé, nous devons nous assurer une alimentation suffisamment riche en antioxydants. Cette petite baie peut nous y aider.

Des propriétés anti-inflammatoires reconnues

En plus de ses exceptionnelles capacités antioxydantes, la baie d’églantier est aussi pourvue de vertus anti-inflammatoires conséquentes. Ses principes actifs agissent sur le processus inflammatoire avec une grande efficacité. Elle permet donc de réduire les douleurs et raideurs articulaires (ainsi que sur la perte de mobilité) qui apparaissent avec la polyarthrite rhumatoïde, l’arthrose et l’arthrite (2) (3). Les flavonoïdes et les tanins présents dans sa composition calment la réaction inflammatoire. Les vitamines E et B3 vont aider à réduire les douleurs, tout comme certains minéraux et oligo-éléments.

Renforcer et stimuler les défenses naturelles

La teneur en vitamine C de la pulpe de cynorrhodon est très élevée. Elle se situe entre 300 et 1300 mg pour 100 g, ce qui dépasse certaines autres baies et la plupart des agrumes. La composition du petit fruit permet de soutenir les défenses naturelles de l’organisme, en stimulant le système immunitaire. Et c’est un fruit qui arrive à maturité à l’approche de l’hiver, ce qui est le moment idéal pour débuter une cure (4).

Grâce à ses bienfaits, on peut mieux prévenir et lutter contre la plupart des maux de l’hiver : fatigue, virus, infections… Et comme elle est antioxydante, elle élimine les radicaux libres qui, eux, affectent l’organisme. Les flavonoïdes du fruit, tout comme les polyphénols, les saponines et les caroténoïdes, permettent également de stimuler l’immunité.

Un allié pour la beauté et la santé de la peau

Le potentiel antioxydant de la baie d’églantier en fait une candidate idéale pour protéger la peau. Sa consommation permet de prévenir plus efficacement le vieillissement cutané et toutes ses marques : rides, ridules, perte d’élasticité, dessèchement de la peau… Les antioxydants présents dans le fruit bloquent les effets néfastes des radicaux libres et du stress oxydatif sur la peau. Les vitamines, minéraux et oligo-éléments du fruit sont aussi excellents pour la santé de notre peau (5).

Et ce n’est pas tout : les acides gras du cynorrhodon sont également bienfaisants pour la peau. L’acide oléique renforce par exemple le film hydrolipidique de la peau et permet de maintenir son hydratation. Quant à l’acide linoléique, il apporte un gain d’élasticité et de souplesse non négligeable aux différentes couches de l’épiderme.

Augmenter le métabolisme et brûler des graisses

Les vertus du cynorrhodon sont multiples, et la petite baie présente même des intérêts face au surpoids et l’obésité. Sa consommation permet de réduire les taux de graisse localisés et de favoriser une perte de poids saine et durable. La petite baie semble améliorer les symptômes que l’on associe à l’obésité, comme le taux de cholestérol élevé ou la pression artérielle systolique anormale. Elle peut également contribuer à prévenir diverses complications courantes comme le diabète de type 2 ou les pathologies cardiovasculaires chez les personnes en obésité.

Les composés actifs de la baie agissent sur le récepteur qu’activent les PPAR (proliférateurs de peroxysomes), une protéine directement impliquée dans le métabolisme ainsi que l’adipogenèse. C’est le terme que l’on utilise pour définir la formation des cellules adipeuses qui forment le tissu adipeux. Cela lui permet de limiter le stockage des graisses dans différentes parties du corps (6).

Un potentiel anti-cancer

Par définition, tous les fruits riches en antioxydants présentent un certain potentiel anti-cancer. En ce sens, le cynorrhodon en fait partie ! Ses composés actifs (vitamines, polyphénols, antioxydants…) semblent être capables de limiter la prolifération des cellules cancéreuses. Mieux encore, ils pourraient bloquer l’action de la protéine kinase B (AKT), qui assure et favorise même la survie de ces cellules dans notre corps (7). Les composés de la baie pourraient même induire l’apoptose (terme utilisé pour définir la mort cellulaire programmée) des cellules cancéreuses (8). Dans les études menées, le cynorrhodon s’est montré plus efficace sur les cancers du sein et du côlon.

Utilisations et consommation de cynorhodon

Voici toutes les informations à connaître pour bien consommer le cynorrhodon.

Comment consommer le cynorhodon ?

Les cynorhodons sont récoltés à partir du mois de septembre, et tout l’hiver durant. Ils possèdent un goût acidulé particulier dont on peut profiter en les mangeant tels quels, lorsqu’ils sont arrivés à maturité. Les premières gelées de l’hiver contribuent d’ailleurs à les rendre plus mous. On peut alors les manger, les préparer en tisane, en infusion, en sirop, ou les transformer en décoction. Mais attention ! Il ne faut pas s’y prendre n’importe comment. Pour manger un cynorrhodon, il faut préalablement l’ouvrir en deux et le nettoyer afin de le débarrasser de l’ensemble de ses poils urticants. Ces derniers se trouvent dans le fruit.

Autrement, il est tout à fait possible de profiter des bienfaits de la plante avec des compléments alimentaires (comprimés ou gélules). Ces derniers contiennent une poudre, qui provient des baies que l’on a séchées et broyées. Aucun risque du côté des poils urticants, qui ont bien sûr tous été ôtés. D’ailleurs, la poudre peut également être utilisée telle qu’elle, comme la poudre d’açaï. Ce format a l’avantage de préserver les nutriments du fruit, et de les intégrer dans les jus, soupes, smoothies et autres préparations. Enfin, si vous aimez utiliser les teintures mères, la teinture mère de cynorrhodon existe également. Attention, sous cette forme, elle présente plusieurs contre-indications (jeune âge, grossesse, certaines pathologies…).

Posologie et dangers

Pour ce qui est des posologies à respecter, elles dépendent bien sûr de la forme utilisée. Le mieux est de ne pas dépasser une dose quotidienne de 5 grammes de cynorrhodon. Respectez les indications présentes sur les emballages de votre produit : poudre, comprimés, gélules, etc. Pour être efficace, une cure doit durer au minimum trois mois. En teinture mère, la posologie la plus souvent proposée est quinze gouttes matin et soir. Au moindre doute, demandez conseil à un professionnel de santé.

La consommation de cynorrhodon est sécuritaire si elle se fait dans le respect des posologies. En revanche, en cas de consommation excessive, elle peut entraîner des effets secondaires comme des troubles du sommeil et des maux de tête. Quelques autres symptômes s’ajoutent à cette liste : nausées et vomissements, crampes d’estomac et douleurs intestinales, diarrhées ou constipation.

Contre-indications à sa consommation

La baie d’églantier présente quelques contre-indications, qui concernent les femmes enceintes, les mères allaitantes et les jeunes enfants. Il s’agit ici d’une mesure de prudence. D’autres personnes doivent éviter la consommation de cynorrhodon. Il s’agit notamment des personnes qui souffrent d’un trouble de la coagulation sanguine, de calculs rénaux, de diabète, d’un excès ou d’une carence en fer. Il en est de même pour les personnes sujettes ou présentant des antécédents de caillots sanguins ou de troubles/pathologies cardiaques. Enfin, en raison de sa teneur en acide ascorbique (vitamine C), les personnes qui souffrent de favisme ou d’un déficit en G6PD devront également l’éviter. Ici aussi, au moindre doute, consultez un médecin.

Cynorrhodon : l’essayer, c’est l’adopter

Quand on parle de « poil à gratter », on ne peut pas imaginer l’étendue de ses bienfaits ! Et pourtant, la science a tranché : cette plante a beaucoup à nous offrir sur le plan médicinal. Nous aurions tort de nous en priver. Et pour que cette expérience reste agréable et bénéfique en tous points, consommez sa baie dans les règles de l’art, et dans le respect des posologies recommandées !